Rayne Elizabeth Mercer &she is ready to f*ck you up.

« Tu devrais jeter un œil à ça, Mercer. » J’haussais un sourcil dubitatif tandis que l’Inquisiteur jetait négligemment un dossier sur la table. Son air dédaigneux et le sourire qu’il retenait en disait long. Depuis que j’avais récupéré ma mémoire, je n’avais rien dit a propos d’une jumelle, et ce a personne. Cet air supérieur montrait bien qu’il savait. Je finis de lacer mes rangers, retardant le moment fatidique du rire moqueur et sarcastique. Je restais tant bien que mal impassible, comme toujours. Le silence que j’avais instauré semblait le mettre mal à l’aise ; on n’entendait que le bruit des lacets qui se croisaient, qui se nouaient. Je soupirais et me levais. M'installant a la table, j'attrapais le dossier. Si je fus moyennement surprise d’y lire « Alizaeh Jaycee Mercer » je le fus assez par le mot « Witch » pour écarquiller les yeux. Le petit rire que j’avais prévu se fit entendre. Je repris un visage fermé et inexpressif. « Pourquoi tu me montre ça ? » Lâchais-je de ma voix atone. « Elle se fait de plus en plus remarquer en ce moment. » Comme si elle cherchait a me joindre, pensais-je immédiatement. Il souriait. Je savais que cet Inquisiteur ne m’avait jamais aimé, et je l’avais assez détesté un jour ou un autre pour effacer complètement son identité de ma mémoire. Pour la première fois depuis longtemps, j’étais déconcertée et décontenancée. « Tu vas me charger d’elle, c’est ça ? » Demandais-je tandis que je passais en revue le dossier, notant la dernière fois où elle avait été vue – ou pas vue, vu son pouvoir – je retenais bien cette information. J’eus à peine le temps de voir une photo d’elle que l’Inquisiteur m’arracha le dossier des mains. J’haussais à nouveau un sourcil tandis que je le fixais froidement. Son sourire s’élargit. « Au contraire. » J’aurais du m’en douter. « Je vais demander à Mike de s’en charger. » Ce nom de me disais rien. Mais on ne pouvait pas dire que j’avais tissé beaucoup de liens, qu’ils soient positifs ou négatifs, pendant l’époque Stonewall. « C’est une visite officieuse, alors ? » lâchais-je. Il fronça les sourcils, il ne savait comment interpréter mon calme. Méfiant, il hocha affirmativement la tête. « Tu lui as déjà confié sa mission ? » Il cru comprendre où je voulais en venir. « Non, pas encore. » Il croyait seulement. Je me suis levée rapidement, l’ai désarmé et l’ai attrapé a la gorge. Il tenta de me donner un coup de coude, j’usais de mon pouvoir a temps et son coude passa au travers de moi. Il en profita cependant pour s’échapper de mon étreinte. Rapidement, j’attrapais son arme avant qu’il ne l’attire vers lui. Foutu télékinésiste.

Le problème avec eux, c’est que même seuls, ils sont aussi efficaces qu’un groupe. Devoir éviter plusieurs objets simultanément, c’est plutôt difficile en réalité. Et ça, c’est très, très agaçant. Cependant, l’avantage d’être « passe muraille », hormis le fait que l’on ne passe pas qu’à travers les murs, c’est que l’on peut tout éviter, simultanément, et sans bouger. Pratique ; il suffisait de concentration et de coordination. Ainsi, j’évitais un couteau, une poele, un presse papier, et une chaise. Le tout sans bouger. Je crois qu’il m’insultais, et que, en fait, mon côté froid et méthodique tandis qu’il essayait – enfin, que j’essayais – de le/me tuer l’énervait au plus au point. Moi, ca ne me dérangeait pas. Rien ne me dérangeait en fin de compte. Et puis il arrêta de bouger et fixa l’arme que je tenais dans la main. Je savais pertinemment ce qu’il essayait de faire. Foutu télékinésiste ! Je la serrais avec autant de force que possible, mais elle m’échappa malgré mes efforts. Par réflexe, avant qu’il ne tire, je roulais derrière le canapé et attrapais mon K22, calé entre mon dos et ma ceinture, je passais au travers du canapé en roulant et surpris, il ne me vit pas tirer avant de tomber raide mort. Ca s’était passé très vite. Trop vite. Pour la première fois depuis très, très longtemps, j’avais agit sans réfléchir. Et je pouvais facilement dire que là, j’avais merdé. Je soupirais, jetais mon arme par terre et tournais en rond pendant quelque minutes. Je pris finalement ma décision.Si j’étais loyale – enfin, relativement loyale – à mes employeurs, je me voyais mal aller au QG du WHS-L, avec un air angélique que je ne saurais pas prendre, et leur dire comme si ce n’était rien, que j’avais tué un de leurs inquisiteurs. Si j’avais le permis de tuer les Witches, je ne l’avais pas pour les Inquisiteurs. J’avais vraiment merdé. Je décidais donc d’aller chercher ma jumelle, de l’attraper sous le bras et .. De fuir. Le temps que cette histoire se tasse. C’était un plan comme un autre. Qui se tenait.. Enfin.. Plus ou moins. Je pourrais dire qu’il avait perdu le contrôle de son pouvoir mais .. Ca restait tiré par les cheveux. Un Inquisiteur qui perd le contrôle comme ça.. Non mais, en fait, j’avais vraiment, vraiment, mais vraiment merdé. Ca ne m’étais jamais arrivé. J’ai toujours été quelqu’un de froid, distant et méthodique. Il ne m’était jamais arrivé de perdre mon sang froid d’une telle manière. Enfin, perdre mon sang froid.. Je l’avais tué d’une façon très professionnelle a vrai dire. Je secouais la tête et l’empoignait en dessous des bras. Moi qui exerçait un contrôle parfait sur moi-même ou mon don, moi, qu’on surnommait – surnomme ? – le glaçon, je venais de céder a la violence. Mais j’avais bien fait. Je devais la protéger. Quoiqu’il m’en coûte. Au prix d’un certain effort – dieu, il était plus lourd qu’il en avait l’air ! – je soulevais le corps et le laissais dans la baignoire. Je fermais la porte de la salle de bain à clef et en sortait en passant au travers de cette même porte.

Comme souvent, cet endroit où je vivais n’étais même pas a moi. Ce n’était qu’une chambre que j’avais louée le temps d’une mission. Au nom très commun de Jenny Jefferson. Il était certain qu’un jour ou l’autre on finirait bien par retrouver ce cher monsieur dans la baignoire, mais je serais partie depuis longtemps, et je savais camoufler des pistes comme il le fallait. J’attrapais une boite d’allumette et le dossier de ma jumelle et je retournais dans la salle de bain. Je pris une photo d’elle, où elle souriait, incroyablement adorable, et je la glissais dans la poche arrière de mon jeans. Je notais dans ma tête l’adresse où elle avait été vue pour la dernière fois et brûlais son dossier dans l’évier. Je fis couler l’eau et les cendres disparurent. Je fis rapidement ma valise, nettoyais rapidement ce que j’avais pu toucher, j’attrapais mes armes et les rangeais dans mon sac, hormis le K22 qui reprit sa place dans mon dos. J’enfilais mon manteau et sortit de la chambre, inexpressive, comme si de rien n’était. « Vous partez ? » fit le gardien. « Non » répondis-je de ma voix atone. « Je reviendrais ce soir. » C’était absolument faux, mais il n’était pas censé le savoir. Et je suis partie.